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Notre-Dame d’espérance lors d’une veillée de prière

REPORTAGE - Un groupe de catholiques, «les bâtisseurs», a organisé ce rassemblement aux airs de chemin de croix, celui précisément que les croyants célèbrent durant la Semaine sainte.

Dans la foule qui chante et prie à quelques centaines de mètres de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les visages sont graves, parfois blêmes, mais percent des sourires souvent éclatants. L’effroi encore présent se mêle déjà à la joie du temps pascal. «La Vierge Marie est douloureuse, mais debout», lance un prêtre au millier de personnes rassemblées ce mardi soir devant l’église Saint-Sulpice, dans le sixième arrondissement.

Cette veillée de prière, organisée par un groupe de catholiques qui a pris le nom de «bâtisseurs» pour l’occasion, a des airs de chemin de croix, celui précisément que les croyants célèbrent durant la Semaine sainte. La tristesse se mêle à l’espérance, mot qui revient dans toutes les bouches. «L’incendie de lundi, c’était un peu le Vendredi saint avant l’heure, c’était le coup de grâce», confie au Figaro un sexagénaire, qui n’oublie pas qu’au jour commémorant la mort de Jésus-Christ succède la veillée pascale du samedi, dans l’attente de sa «résurrection», le dimanche. «Cette joie plénière, nul ne peut nous l’enlever», déclare le prêtre, en écho.

« Notre-Dame sera reconstruite. Mais c’est de la foi vivante de ses enfants dont elle a aussi besoin »

Un prêtre à la tribune

Le cortège s’égraine ensuite jusqu’à la place Saint-Michel, qui fait face à l’île de la Cité, où s’ancre la cathédrale meurtrie. C’est là, devant la statue de l’archange, que lundi soir, déjà, une foule était venue prier. Un jour plus tard, la place est comble, quelques touristes et badauds se mêlent aux catholiques pratiquants qui continuent de chanter et de prier autour d’un petit orchestre improvisé. Quelques mots réconfortants d’un psaume sont entonnés: «Qu’il est bon et qu’il est agréable pour des frères d’être ensemble». Un grand drapeau français flotte en arrière de la foule. « Notre-Dame, c’est l’âme de la France», s’exclame un étudiant.

La France, mais aussi l’Église. Beaucoup de participants le rappellent, y voyant un signe. « Notre-Dame sera reconstruite. Mais c’est de la foi vivante de ses enfants dont elle a aussi besoin», lance le prêtre à la tribune, qui évoque aussi «l’Église pas toujours belle, l’Église qui a fauté». «Ce que l’on a vécu, c’est à l’image des crises que l’Église a toujours su traverser pendant sa longue histoire», confirme un catholique, qui cite la pédophilie dans l’Église et la tragédie des chrétiens d’Orient. «C’est un accident, mais qui nous adresse un message, celui d’entretenir notre Église, qui est d’abord dans nos cœurs», abonde une jeune femme, venue avec son fils.

Si l’espérance marque les esprits, point aussi une inquiétude lancinante. «On peut y voir un signe. Dans un pays où la sécularisation progresse, cet incendie, c’est ce qui attend la France et l’Église s’il n’y a pas de sursaut», craint un jeune homme. Le cortège ne sursaute pas, mais prie avec sérénité. «Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.» La phrase de l’Évangile de Jean est sur toutes les lèvres.


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Notre-Dame d’espérance lors d’une veillée de prière

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37 commentaires
  • Marie Hélène Landrin

    le

    Je suis très surprise de lire certains commentaires. Je prie particulièrement pour ces personnes qui refusent les prieres dans les rues

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